Passons.
J'ai donc commencé à apprendre, et pour tout dire: j'ai mal aux doigts. De plus apprendre tout seul, c'est pas génial, mais au moins, quand je saurai joué, je pourrai dire que je l'ai fait tout seul, grand achèvement dans une vie vide de quête, et j'irai même jusqu'à dire de sens.
On en viens à l'argument majeur de cet article:
La vie, ou plutôt vivre, car la vie, c'est rien du tout dans l'absolu, et bien je ne sais pas vous (et à vrai dire, je ne dirai pas que je m'en fou, mais du moins je ne suis pas dans vos têtes) mais ce n'est pas une immense partie de plaisir, comme on dit, dans le sens où ça fait plus souvent mal qu'autre chose. Alors voilas, en résumé, quand on sait qu'on a de longues années devant soit, que l'on a du mal à s'imaginer les achever, où plutôt jouer son rôle jusqu'au bout, rôle d'être vivant, dans le sens vivant et pas mort, et bien il faut trouver une solution. Une solution à la douleur chronique, une solution à la tentation de disparaître, une solution pour apaiser (et non faire face) aux non-sens quotidiens, aux luttes de pouvoir dans lesquels on se retrouve pris malgré soit, une solution qui nous gardent malgré tout connectés dans cet échappatoire. Je dis connecté, car la solution n'est pas la drogue. On l'a tous essayé, on a tous ressentis cet apaisement, ce calme, cet abandon, seulement on finit toujours par redescendre, et cela dans un état pire qu'au départ.
Alors quelle autre solution choisir? Celle qui est propre à chacun, celle qui fait de nous ce que nous sommes, comme on aime à dire fièrement, comme brandire une carte de visite aux bordures dorées, un costard trois pièces Armani, une Lamborghini Diablo, bref, un calment bien physique, un painkiller, comme disent les anglais.
À ce moment là, on se dit alors "d'accord, mais moi, je choisis quelle marque de painkiller?" Et cette question c'est sûrement la plus difficile à répondre. C'est cette question qui, une fois posée, établie, une fois mise en route, capte notre plus grande attention, occupe une grande part, voir la totalité, de notre esprit, comme on aime l'appelé, lui aussi. Et cette question, personne n'a la réponse pour nous. Parfois, les Autres ont des indices. Indices qui parfois ne résonnent pas au premier abord, puis, au hasard d'une réflexion reviennent comme un accord majeur de notre chemin.
Alors voilas, on regarde son chemin, on essaye de se souvenir de son chemin, quand on à la chance d'avoir toute sa mémoire, d'avoir toutes les clés de son histoire, on a plus de facilité, ou au contraire, on peu se perdre dans toutes les ramifications.
Moi mon chemin, je ne m'en souviens pas, pas de tout, et puis j'oublie, toujours j'oublie. La mémoire me fait défaut, la mémoire des noms, des gens, des épisodes, de l'enfance. La mémoire de l'expérience, celle du physique. Mais j'ai une mémoire qui est plus forte que celles-ci, celle de la musique, en tout cas, pour le temps présent, elle me paraît la plus présente, ça va s'en dire, la plus sereine, la plus calme, la moins lacérée, la moins atrophiée, la moins perturbée. Elle se présente comme un sage au sommet d'un mont, comme un ermite dans sa caverne, comme un diamant dans une un amas de calcaire.
La musique, ça a toujours été mon painkiller à moi. J'ai toujours aimé qu'elle ai des mots à rajouter à ses sons, pas toujours, parfois ils sont inutiles, ou simplement insultants, mais je n'en ai jamais assez créé, je n'en ai jamais assez poussé les barrières, n'ayant jamais franchis le seuil de la porte, trop obnubilé par la beauté de la façade pour faire l'effort de lever le loquet. Mais aujourd'hui je fais cet effort, je tends le bras vers la la poignée.
C'est à ce moment que l'on se rend compte que les métaphores sont poussées tellement loin, qu'on se dit qu'on aurait mieux fait de fermer sa gueule, et... de jouer de la guitare, par exemple !